Au mangeoir

L’humanité doit une fière chandelle au Canard enchaîné. Lecture obligée pour qui veut pas mourir totalement con. Ni manger à la cantine de l’alimentation pour bétail subhumain, gavé d’ersatz industrialisés. C’est chaque semaine à la délicieuse rubrique “Conflit de canard” en page 5. Florilège. (Date de parution entre parenthèse).

Grâce à Unilever et ses marques de glace (Magnum, Miko, Carte d’Or, Cornetto, Ben & Jerry, Viennetta – 28% du marché), on paie deux fois le prix de la douceur crémeuse: la barquette d’un litre n’affichera sur la balance que 500 grammes, le reste, c’est de l’air, injecté sous forme de microbulles d’oxygène par la technique dite du “foisonnement”. Vendre de l’air au prix de la crème glacée! On n’arrête pas le progrès de l’innovation capitaliste. (17/8/2016).

Les petites salades en sachet au rayon des supermarchés? Elles y représentent déjà 40% des ventes de verdure. Bourrées de chlorates (24 échantillons sur 28 lors d’un test récent), ennemis jurés comme on sait des vitamines C et B9, essentiels à la formation des globules rouges, aux systèmes nerveux et immunitaire. Pas tout. Ajoutez les substances cancérigènes (trihalométhanes) que le lavage au javel (certes interdit en Belgique, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, mais pas en France) y saupoudre. (27/6/2016)

Le vrai bon camembert au lait cru, moulé à la louche à l’ancienne? Oubliez. L’un des derniers producteurs indépendants, Graindorge, a été racheté par Lactalis, numéro un mondial des produits laitiers avec 21 milliards de chiffre d’affaires. La boîte produit 95% des camemberts fabriqués en France, laits de toutes origines chauffés à 72°C pour arriver à un produit 100% industriel. L’effet sans doute de la libre concurrence vantée dans les brochures. (22/6/2016)

La concurrence, c’est la spécialité de la Commission européenne qui, bon prince, a sur trois ans arrosé de 2,6 millions d’euros le géant de la tomate française Savéol afin qu’il puisse soigner sa com’ d’un label “Avec le soutien de la Commission européenne”. Des tomates industrielles, cela va sans dire, sous serre chauffée, ce qui revient à 946 kilos d’équivalent pétrole pour chaque tonne de tomates, dix fois plus que poussées en plein champ. Santé! (10/7/2016.

Gastronomie française: 80% des restaurateurs vous servent de la “cuisine d’assemblage”. Kéçako? Des produits sous vide remis en température aux micro-ondes. Sapristi! Tout fout le camp. (13/5/2015)

Cessez de fumer… l’air de Paris. Lors d’un mesurage en décembre 2013, il est apparu que l’air parisien était aussi pollué qu’une pièce de 20 m2 occupée par huit fumeurs. Aérophagie passive aggravée. L’air nuit à la santé. Merci de tenir les femmes enceintes à l’intérieur. (26/11/2014)

Chips, plats surgelés, frites industrielles, cornets de glace, produits apéritifs, viennoiseries sous cellophane, la plupart portent en petits caractères la mention “huile hydrogénée”, substance chérie du business de l’agro-alimentaire parce que pas cher, contribue à rendre les produits plus croustillants et repousse la date de péremption. Revers de la médaille, ça bousille la santé, nous gave “d’acides gras trans”, le mauvais gras qui dézingue les artères. On en avalerait en France en moyenne chaque jour 2,7 grammes alors que, selon les scientifiques, la consommation quotidienne d’un seul gramme ferait grimper de 20% le risque de maladies cardiovasculaires. Que fait la police? (24/10/2007)

Miracle de magie noire industrielle: l’île flottante, petit délice avant le pousse-café, est fait de quatre ingrédients, comme chacun sait, œufs, sucre, lait et vanille. Dans la version Yoplait (n°2 mondial des produits laitiers, contrôlé par le géant américain General Mills), il y en a dix-sept mais… pas d’œufs. Ils ont été remplacés par des protéines de lait, additionnées donc d’une flopée d’additifs, émulsifiants, gélifiants, colorants, épaississants – et beaucoup de flotte, ingrédient de base pour vendre cher du vent. (23/1/2013)

Consommer du Coca Cola “light” (dit Zéro) revient à se farcir “hard” d’aspartame, le faux sucre dont des études scientifiques ont démontré qu’il déclenche chez les rats des cancers du foie et des poumons. Chez les femmes, il augmente le risque de fausse couche, et favorise les crises d’épilepsie chez les enfants, de même que les tumeurs de cerveau. L’avantage, naturellement, c’est qu’il coûte beaucoup moins cher pour les producteurs, ce qui explique qu’il y en a partout, du yaourt allégé aux sucrettes pour café, quelque 6.000 produits en tout. (19/1/2011 et 14/9/2011)

Vous prendrez bien un petit bonbon au titanium? Pensez-y en croquant une pastille M&M, le joli vernis qui rend ses couleurs si attrayantes est obtenu par l’ajout d’une couche microscopique (nanoparticulaire) de dioxyde de titane, classé dans la catégorie “cancérigène possible pour l’homme”. Les scientifiques s’en émeuvent parce que les nanoparticules, on en trouve un peu partout, pour épaissir le ketchup, blanchir la sauce vinaigrette, éradiquer le grumeau dans les préparations industrielles pour desserts, etc., et les conséquences pour la santé, on ne sait pas trop. Les scientifiques? Des empêcheurs de prospérité commerciale!

Il y a mieux que l’aspartame, on a nommé l’isoglucose, mise au point par Coca Cola et Pepsi pour se passer de sucre – et des taxes à l’importation qui vont avec. L’isoglucose, c’est du sirop de glucose chimiquement modifié qui a le très grand avantage, outre son bas prix, de retarder chez qui consomme la sensation de satiété. D’où prolifération, dans les gateaux, les biscuits, les yaourts, les crèmes dessert, les glaces, les boissons aromatisées. Aux États-Unis, l’isoglucose représente la moitié du sucre ajouté par l’agroalimentaire. En rue,ça fait beaucoup de petits gros. (11/7/2012)

Le lait infantile, une spécialité de Nestlé et Danone, ça leur rapporte 300 millions d’euros par an rien qu’en France. Et ça, aussi, fait joliment grossir, grâce aux probiotiques dont il est additionné, le même produit qu’on met dans la gamelle des animaux d’élevage afin qu’ils prennent plus de poids: un biberon hormone de croissance, fallait y penser… (21/11/2012)

Engraisser et obésifier la population est également le propre de l’additif E621, glutamate monosodique de son petit nom, omniprésent dans les soupes déshydratées, les plats cuisinés, les sauces pour salades, les céréales de petit déjeuner, les jus de légumes, le cassoulet en boîte, les mélanges d’épices, les gratins surgelés… Formidable “exhausteur” de goût, l’additif a aussi la propriété d’augmenter la sensation de faim de 40% - chez les rats. Et sans aucun doute aussi les cobayes humains, vaches à lait de l’industrie agroalimentaire. (8/2/2006)

Là, donc, cela remonte à 2006 et on arrête. Toutes ces coupures ont pris place dans un petit cahier rangé parmi mes recettes de cuisine sous la rubrique “ingrédients à éviter”. Ils nuisent à la santé, ils tuent, pour reprendre le slogan. On évite en achetant chaque semaine le Canard enchaîné, un des rares produits de presse qui vaille encore la peine d’être lus.