Paradise Lost

Un résumé raisonné et annoté de Paradis Lost (Le Paradis perdu) de John Milton, 1667, à partir de l'édition bilingue contenant la traduction de Chateaubriand (1836) publié en 1990 par Belin. Cela m'a pris quelques bonnes heures au mois de mars 2017. Citations et mes notes en italiques, les termes en caractères gras sont une manière d'y insister.

Notons au passage que, en 1949, l'écrivain suédois Lars Forssell a en quelques pages caractérisé l'œuvre de de John Milton (publiées dans le recueil "Loggbok" réunissant ses textes 1944-1991 sur la littérature, édition Hägglund, 1996). Il y signale les attaques de Milton contre les églises et la complaisance satisfaite des doctrinaires, position que Forssell condense en une phrase aussi lapidaire qu'exquise: Milton "voulait être sa propre cathédrale." Sur le sujet qui nous occupe ici, Forssell souligne la volonté de Milton de "comprendre Satan lui-même", ajoutant que Milton fut "un des premiers à accorder à Satan une intelligence": tour à tour "orgueilleux et servile, haineux et honteux, partagé entre des sentiments d'amour et de vengeance", l'ange déchu présente par là "une perspective pluridimensionnelle à la petitesse humaine."

Livre premier - L'insurrection des anges

s'ouvre sur la désobéissance de l'homme (Man's first disobedience, p116, précédée par la révolte de Béelzébuth/Satan, "l'ange apostat"... contre le Seigneur, qui "Sole reigning, holds the tyranny of Heaven" (p120)
Satan se justifie: "to be weak is miserable" (p121)
révolte nota bene à laquelle le ciel a donné sa bénédiction, elle est sous le signe de:
"the will and high permission of all-ruling Heaven", lequel
"Left him at large to his own dark designs; / That with reiterated crimes he might / Heap on himself damnation" (p122)
l'acolyte de Satan, voyant le sort qui leur sera fait, n'en reste pas moins déterminé:
"The mind is its own place and in itself / Can make a Heaven of Hell"
"Better to reign in Hell, than serve in Heaven" (p124)
(à la suite de Béelzébuth: Moloch, Chamos, Baal, Astaroth, Astoreth, Thammuz, Dagon, Osiris, Isis, Orus, Bélial... p128-131), s'ensuit la Grande Guerre entre anges renégats et anges fidèles (p133ff)
et ici, joli adage anticapitaliste...
"Let none admire / That riches grow in Hell" (p137)
(la grande capitale de Satan et ses pairs: Pandaemonium, tenue de conseil là, p139)
(nota bene, Satan entraîne dans sa révolte une "multitude" "sans nombre" d'anges, "whose exile had emptied Heaven", p135; au 2e chap., plus précis: "the third part of Heaven's sons", p167)
Note: primo, l'accent sur la désobéissance, la tyrannie du Créateur; secundo, dans la chaîne causale amenant la Chute de l'Homme: elle est précédée (expliquée), chez Milton, par celle des anges rebelles, rébellion causant Satan, quasi autorisé par le Créateur à ce faire, à chercher vengeance en s'introduisant/prenant possession du serpent (qu'on dira donc "innocent" du mauvais tour), causant la séduction d'Eve, causant celle d'Adam...

Livre deuxième - Satan en avant-garde

où on retrouve nos compères en Enfer, déléguant Satan à la terrifiante besogne consistant à affronter les plus grands périls pour accomplir la vengeance sur une proie non encore déterminée... (p142)
enfin, si: tenant conseil, l'assemblée satanique suggère, plutôt que de tenter de reconquérir le Ciel parles armes, d'opter pour "some easier entreprise", à savoir
"There is a place (...), another world, the happy seat / Of some new race call'd Man, about this time / To be created like to us, though less / In power and excellence"
"Thither let us bend our thoughts" (p155-156)
un petit coin dont il est dit qu'il est situé au "utmost border of his kingdom" (p156)
cela dit, y cheminer n'est pas chose simple: Satan se porte volontaire, lui...
"whom now transcendent glory raised / Above his fellows" (p158)
en passant, les démons sont donnés comme meilleurs que les hommes, en effet:
"shame to men!", chez les démons "Firm concord holds", au contraire de la société des hommes où: "men only disagree / Of creatures rational, though under hope / Of heavenly grace" (fin de l'incise, p160)
en passant, bis, Milton a des mots gentils pour les moins enragés des anges déchus:
"Others, more mild, / Retreated in a silent valley, sing / With notes angelical"
logique, naturellement, "when spirits immortal sing" (p162)
et ce morceau de sagesse, évoquant les débats de nos angelots déchus:
"Of good and evil much they argued then, / Of happiness and final misery, / Passion and apathy, and glory and shame, / Vain wisdom all, and false philosophy" (p162)
le cheminement de Satan va ensuite nous offrir un brin de cosmologie, rencontrant d'abord en Enfer la "slow and silent stream, / Lethe, the river of oblivion" (p163), puis "A universe of death, which God by curse / Created evil" (p164) pour enfin parvenir aux "bornes de l'enfer" (p165) où se tiennent deux "formidable shape", l'une femme, jeune et belle s'il n'était sa queue de serpent" et son terrible chien, Cerbère (p165), l'autre, un monstre sans forme (p166); la première, "All the hosts of Heaven (...) call'd me Sin", mère de la deuxième, le monstre, "this odious offspring" (p169) avec son dard fatal, à la vue duquel la mère va s'enfuir: "I fled, and cried out, Death! / Hell trembled at the hideous name" (p170)...
Satan, en grand séducteur, leur annonce qu'il les transportera dans un agréable séjour où "all things shall be your prey" (p171)
devant tant de friandises à venir, elles lui ouvre la porte de l'enfer, non sans laisser d'abord entrevoir l'abîme originel "where eldest Night / And Chaos, ancestors of Nature hold, / Eternal anarchy, amidst the noise / Of endless wars" (p173):
"Chaos umpire sits, / And by decision more embroils the fray, / By which he reigns: next him higher arbiter / Chance governs all." (p173)
poursuivant sa route...
"Sin and Death amain / Following his track (such was the will of Heaven)"
il arrive au point de passage entre Enfer et Terre (des hommes), aisé à franchir:
"With easy intercourse pass to and fro / To tempt or punish mortals, except whom God and good angels guard by special grace." (p177)
Note: bis idem, poids prépondérant de Satan dans la Chute, et le dessein piégeux du Créateur, qui a pour ainsi die tout prévu/voulu... Sauf pour bénéficie de la grâce... À pointer encore, l'épouvantail de la mort, sa fonction d'adjuvant pour inspirer la foi (pas seulement dans la religion chrétienne: cfr l'obsession des philosophes pour l'infini et l'éternel, p.ex. Spinoza)
 

Livre troisième - Causerie au sommet (Père et Fils)

où on remonte au ciel, chez Dieu avec son fils assis à sa droite, prédisant le succès de Satan auprès d'une espèce humaine créée "libre et capable de résister au tentateur", précisant qu'il fera grâce à l'homme car tombé "par la séduction de Satan", cependant que, néanmoins, il doit être puni pour "avoir offensé la majesté de Dieu en aspirant à la divinité", donc, il mourra - mais son fils intercède et "s'offre volontairement pour rançon", ce que le Père accepte en ordonnant "l'incarnation"; tandis que Satan, poursuivant son bonhomme de chemin arrive au "lieu appelé dans la suite le Limbe de vanité (...) De là, l'ennemi arrive." (synopsis, p179)
Le fils de Dieu, donc, assis "on his right (...) His only Son" (p182)
Et de l'homme, Dieu réclame en tout premier lieu obéissance
"For man will hearken to his glozing lies, / And easily transgress the sole command, / Sole pledge of his obedience: so will fall / He and his faithless progeny. Whose fault? / Whose but his own?" (p183)
Et encore, l'homme...
"Not free, what proof could they have given / of true allegiance, constant faith, or love" (p183)
Suivi de ce divin verdict:
"When will and reason (reason also is choice), / Useless and vain, of freedom both despoil'd, / Made passive both, had serv'd Necessity, / Not me?" (p183)
(ah! la thématique hégélienne Liberté/Nécessité, dans les lunettes de Milton...)
Mais, rétorque le Fils: que son Père n'oublie pas...
"Thy sovran sentence, that man should find grace" (p184)
ah! mais chose très spéciale, la grâce, dixit le Père:
"Some I have chosen of peculiar grace, / Elect above the rest" (p186)
suivent des mots sur la folie des hommes, Babel, ici qualifiée de
"The Paradise of Fools, to few unknown / Long after, now unpeopled, and untrod." (p195)
et cette parole de sagesse:
"For neither man or angel can discern / Hypocrisy, the only evil that walks / invisible, except for God alone" (p201)
 

Livre quatrième - L'arbre de la Connaissance

où on voit Satan débouler au Paradis et où on prend connaissance d'Adam et Eve, l'ange Gabriel arrivera à la rescousse (synopsis, p204)
où on voit Satan se plaindre de son état:
"O! had his powerful destiny ordain'd / Me some inferior angel, I had stood / then happy" (p207)
"Which way I fly is Hell; myself an Hell"
(à rapprocher de Marlowe, son Doctor Faustus, l'échange: Faust: "Where are you damned?" Mephostophilis: "In hell." Faustus: "How comes it then that thou art out of hell?" Mephostophilis: "Why, this is hell, nor am I out of it.")
(du point de vue de la langue anglais, l'emploi du préfixe "un": "how soon unsay", p208; cfr Shakespeare, Lady Macbeth: "unsex me!"; idem plus loin, dans la bouche de Gabriel: "To say and straight unsay (...)" p235)
Satan, lui, il crâne...
"So, farewell hope: and with hope, farewell fear" (p208)
et voilà qu'il a en vue "the tree of life" et, juste à côté
"and next to life, / Our death, the tree of Knowledge, grew fast by, / Knowledge of good, bought dear by knowing ill." (p212)
arbre dont il est dit qui a été "planted by the tree of Life" (p218)
et en vue ensuite le couple paradisiaque: pas sur pied d'égalité:
"He for God only, she for God in him." (p214)
Ève interpellera en effet Adam par ces mots: "My author and disposer, what thou bidst / Unargued I obey; so God ordains; God is thy law, thou mine" (p225)
et non moins paradisiaque, les animaux, dont le lion, mettons: végétarien:
"Sporting the lion ramp'd, and in his paw / Dandled the kid" (p216)
tous gentils-gentils sauf... le serpent
"close the serpent sly, / Insinuating, wove with Gordian twine / His braided train, and of his fatal guile / Gave proof unheeded" (p216)
mais Satan n'est pas tout de suite serpent, il est d'abord crapaud ... (p230)
Note: l'invention de l'arbre de la connaissance, et l'opprobe jeté sur un savoir distinguant le bien du mal, est à approfondir: via Hegel, Kojève, peut-être Bloch? en passant: l'invention du serpent comme incarnation de la fourberie, s'explique-t-elle par un sentiment partagé de crainte et de dégoût - à une époque archaïque où ces petites bêtes n'étaient pas derrière une vitre au zoo?

Livre cinquième - Raphaël raconte

Ève & son rêve fâcheux dû à Satan; Raphaël l'exhorte à l'obéissance, puis il est invité à un déjeuner sur l'herbe par Adam: nouvelles mises en garde & raconte la révolte des anges, qui s'y rallieront en nombre, sauf Abdiel le séraphin (synopsis, p238)
Adam met en garde Ève (après son rêve)
"But know, that in the soul / Are many lesser faculties, that serve / Reason as chief" (p242)
arriba Raphaël, ange fabuleux:
"A seraph wing'd: six wings he wore" (p248)
qui expose à Adam: le libre arbitre:
"Son of Heaven and earth, / Attend: that thou art happy, owe to God, / That thou continuest such, owe to thyself, / That is, to thy obedience; therein stand. This was the caution given thee; be advis'd. / God made thee perfect, / not immutable; / And good he made thee, but to persevere / He left it in thy power; ordain'd thy will / By nature free (...)" (p256)
désobéir, dit Raphaël, en citant Dieu, vaut mieux pas:
"him who disobeys, / Me disobeys, breaks union; and that day, / Cast out from God and blessed vision, falls / Into utter darkness" (p258)
incise: curieusement, la révolte de Satan est présentée comme due à sa jalousie devant le statut privilégié de Jésus:
"fraught / With envy against the Son of God" (p260)
curieux encore, la guerre céleste donnée comme non d'avance gagnée par Dieu, lorsque celui-ci indique à son fils ses craintes de se voir détrôné:
il y a lieu de "draw / With speed what force is left, and all employ / In our defence; lest unawares we lose / This our high place" (p262)
on reste ici avec la figure chevaleresque d'un Jésus-Roi (défendant sa forteresse assiégée), c'est Abdiel qui interpelle Satan:
"Canst thou with impious obloquy condemn / The just decree of God, pronounc'd and sworn, / That to his only Son by right endued / With regal scepter, every soul in Heaven / Shall bend the knee, and in that honour due / Confess him rightful King?" (p265)

Note: la foi sous le sceau de l'obéissance, à nouveau; et puis: Satan mû par la jalousie!
 

Livre sixième - La grande guerre patriotique

Raphaël poursuit le récit de la guerre céleste, au 3e jour, Jésus mène son char entre les deux camps, triomphe, les anges révoltés sombrent dans l'abîme (synops, p268).
(Réminiscent de la Bhagavadgita, Arjuna sortant de la mêlée pour se placer à équidistance des deux armées...)
on entendra Abdiel énoncer
"though brutish that contest and foul, / When reason hath to deal with force; yet so / Most reason is that reason overcome." (p272)
et s'adressant, un peu comme Arjuna, à Satan, dit vile son entreprise
"The throne of God unguarded, and his side / Abandon'd, at the terror of thy power / Or potent tongue: fool! (...)" (p272)
pour conclure:
"now learn to late / How few sometimes may know, when thousands err." (id.)
rôle déterminant de Jésus, le Père énonçant au Fils
"For two days are therefore past, the third is thine (...)
"none but thou / Can end it" (the war)
"Ascend my chariot, guide the rapid wheels" (p291) lequel Fils ainsi
"full of wrath bent on his enemies." (p295) avec le succès qu'on sait

Note: comme dans le livre précédent, la Raison est célébrée (siècle de Kant, Hegel, Schelling, Newton, Goethe!); et puis l'adage bolchévique: le parti, guide des masses...
 

Livre septième - Flash-back: Que lumière soit!

Raphaël poursuit en racontant la création du monde (synops p298)
où l'on voit Dieu énoncer
"necessity and chance / Approach not me, and what I will is fate." (p303)
la création...
"Thus God the heaven created, thus the earth," (p305)
"«Let there be light», said God." (p306)
où réapparaît le serpent...
"The serpent, subtlest of all the field (...) but obedient at thy call." (p314)
puis l'homme
"Let us make now man in our image, man / In our similitude" (p315)
& la fameuse mise en garde rapport à l'arbre interdit: goûte de tout sauf...
"but of the tree, / Which, tasted, works knowledge of good and evil; / Thou may'st not; in the day thou eat'st, thou diest: / Death is the penalty impos'd; beware. / And govern well thy appetite; lest Sin / Surprise thee, and her black attendant, Death." (p316)
à noter en passant, chez Milton, un univers rempli d'étoiles peut-être habitables...
"and every star perhaps a world / Of destin'd habitation" (p318)
la Terre, elle, a été créée dans un but précis
"there to dwell / And worship him; and in reward to rule / Over his works, on earth, in sea, or air, / And multiply a race of worshippers" (p318)

Note: l'insistance sur la mort et le péché, liens consanguins...

Livre huitième - Cherchez la femme

et on passe à la Voie Lactée, tout ce qui se passe au loin; à Ève, enfin (synops p319)
avec mise en garde (Raphaël) contre un trop grand savoir
"Solicit not thy thoughts with matters hid; / Leave them to God above; him serve and fear." (p324)
ce à quoi Adam consent volontiers
"freed from intricacies, taught to live / The easiest way; nor with perplexing thoughts" (p325)
"That which before us lies in daily life, / Is the prime wisdom; what is more is fume, / Or emptiness, or fond impertinence (...)
"speak of things at hand / Useful" (p325)
mais Adam se sent bien seul, et empli de doutes existentiels
"But who I was, or where, or from what cause, / Knew not" (p328)
cependant qu'il nomme, tour à tour, tous les animaux
"I nam'd them as they pass'd" (p331)
(Cfr la délicieuse chanson de Bob Dylan, Man Gave Names to All the Animals, 1970)
arriba Ève...
"I know see / Bone of my bone, flesh of my flesh, myself / Before me: Woman is her name; of man / Extracted;" (p335)

Note: piquant de voir ici percer les vertus de l'utilitarisme, et la très bourgeoise célébration d'un univers mental strictement borné.

Livre neuvième - Liaisons dangereuses

Satan a parcouru la terre "with meditated guile"; entre dans le Paradis, et puis dans le serpent endormi, et aborde sous cet aspect Ève, lui tenant un langage envoûtant, et l'engage à manger du fruit défendu, ce qu'elle fait; toute guillerette, elle s'en va ensuite conter la chose à Adam (synops p343)
Satan est néanmoins comme saisi d'un doute (humain, trop humain):
"Thoughts, whither have ye led me!" (p359)
le serpent est peut-être fourbe mais, aux yeux d'Ève...
"pleasing was his shape / And lovely" (p360)
de l'arbre interdit, ceci
"Mother of science!" (p365)
et Satan d'en vanter les vertus
"Why, then was this forbid? Why, but to awe? / Why, but to keep ye low and ignorant, his worshippers? (...)
"Ye eat thereof (...) and ye shall be as gods, / Knowing both good and evil, as they know." (p366)
Ève croque...
"Greedily she ingorg'd without restraint, / And knew not eating death." (p369)
effet collatéral? elle aspire maintenant à l'égalité avec Adam! car
"for, inferior, who is free?" (p370)
catastrophé, Adam, décide la suivre dans la voie interdite
"my resolution is to die: / How can I live without thee?" (p373)
résultat: la vue de leur propre nudité...
"naked left / To guilty shame" (p377)
Adam, peu fairplay, rejette la faute sur la femme, fatalement fatalement
"Thus it shall befall / Him, who, to worth in woman overtrusting, / Lets her will rule" (p381)

Note: l'arbre maudit de la connaissance qualifié de... "mère des sciences": on sent Milton un peu écartelé...

Livre dixième - Au tribunal de 1ère instance

les anges vont rendre compte de leur échec dans la surveillance du petit couple; Dieu envoie son Fils pour les juger; il prononce la sentence mais est saisi de pitié; tandis que Péché et Mort pavent un chemin rendant plus aisée le passage de l'enfer vers la terre, et Satan, de retour chez les siens, se félicite de la victoire éclatante obtenue - mais! au lieu d'applaudissements, ce ne sont que sifflements! tous transformés en serpents! Dieu, lui, prédit la victoire finale de son Fils. (synops p382)
où se trouve confirmé le très-statut de Jésus (dans les mots du Père)
"But whom send I to judge them? whom but / Viceregent Son?" (p385)
lequel, d'emblée, est porté à la mansuétude (dans ses propres mots)
"this obtain / Of right, that I may mitigate their doom" (p385), de fait, il est
"the mild Judge and Intercessor both" (p386)
mais, rebelotte, Adam cherche à rejeter la faute sur Ève; mais Jésus rétorque:
"Was she thy God, that her thou didst obey / Before his voice? or was she made thy guide, / Superior, or but equal, that to her / Thou didst resign thy manhood (...)" (p387-8)
le serpent, lui, ne tire pas son épingle du jeu: sentence divine:
"And on the serpent this his curse let fall" etc. (p388)
de Jésus, il est dit
"Jesus, son of Mary, second Eve" (p389)
viennent ensuite les condamnations, la femme enfantera dans la douleur sous le joug de son mari ("he over thee shall rule", p389) et l'homme gagnera sa vie à la sueur de son front: poussière, il redeviendra poussière ("For dust thou art, and shalt to dust return", p389) ...
satan, on le sait, aura un accueil inattendu...
"expecting / Their universal shout, and high applause, / To fill his ear: when, contrary, he hears / On all sides, from innumerable tongues, / A dismal universal hiss, the sound of public scorn" (p399)
tandis qu'au sein du petit couple, ambiance: Adam à Ève:
"Out of my sight, thou serpent! That name best / Befits thee with him leagu'd" (p410)
"But for thee / I had persisted happy" (p411)
" O! why did God / Creator wise (...) create at last / This novelty on earth, this fair defect / Of nature, and not fill the world at once / With men, as angels, without feminine" (p411)
mais Adam, bon prince, fait preuve de "commisération" (p413). La morale? Elle vient:
"What better can we do, than, to the place / Repairing where he judg'd us, prostrate fall / Before him reverent; and there confess / Humbly our faults, and pardon beg; with tears / Watering the ground" (p417) (dixit Adam)

Note: le statut de la femme, au 17ème...

Livre onzième - Repentirs éternels

Le Fils fait rapport au Père: ils sont repentants, là en bas, ils prient; le Père s'en trouve radouci mais, du Paradis, ils devront partir, ce dont Michel se charge, en faisant voir au petit couple qu'il faut garder espoir (synops p419)
Michel à Adam
"Redeem thee from Death's rapacious claim" (p427)
"There is, said Michael, if thou well observe / The rule of Not too much; by temp'rance taught / In what thou east'st and drink'st" (p436)

Note: après l'utilitarisme, la tempérance...

Livre douzième - Rideau sur un chemin solitaire
 
Michel poursuit son discours, ce qu'il adviendra après le Déluge, Abraham, l'incarnation de Jésus, sa mort, sa résurrection & état de l'Église, et les conduit hors du Paradis. (synops p449)
réf. encore à la crainte (qu'il faut avoir) de Dieu
"And while the dread of judgment past remains / Fresh in their minds, fearing the Deity" (p450)
et à une humanité faillible, portée à la domination de l'homme sur l'homme
"who, not content / With fair equality, fraternal state, / Will arrogate dominion underserv'd / Over his brethren" (p450)
alors que cependant Dieu voit tout
"But God, who oft descends to visit men / Unseen, and through their habitations walks / To mark their doings" (p451)
et réprouve les susdites tendances dominatrices
"but man over men / He made not lord" (p451)
de même Michel:
"Justly thou abhorr'st / That son, who on the quiet state of men / Such trouble brought, affecting to subdue / Rational liberty" (p452)
mais encore, rapport aux tyrans et au déclin de la Cité
"Yet sometimes nations will decline so low / From virtue, which is reason, that no wrong, / But justice, and some fatal curse annex'd, / Deprives them of their
outward liberty; / Their inward lost
" (p452)
d'où... le choix d'Israël comme peuple élu (!)
Dieu, "wearied with their inequities" laissera ces nations "to their own polluted ways: and one peculiar nation to select" (p453)
plus loin: "The race elect" (p456)
Adam cependant s'interroge, pourquoi cette fatale diversité entre nations
"This yet I apprehend not; why to those / Among whom God will deign to dwell on earth, / So many and so various laws are given: / So many laws argue so many sins / Among them: how can God with such reside?" (p458)
ce que Michel, vaille que vaille, tentera d'expliquer... faudra attendre Jésus... et...
"So he dies, / But soon revives; death over him no power / Shall no longer usurp (...) His death for man (...) Neglect not. (...) this godlike act / Annuls thy doom (...) this act (...) Defeating Sin and Death", Satan's "two main arms", car désormais la mort: "death, like sleep, / A gentle wafting to immortal life." (p463)
Jésus sortira bien sûr victorieux aussi de Satan-Serpent...
"With victory, triumphing through the air / Over his foes and thine; there shall surprise / The serpent, prince of the air, and drag in chains" (p464)
et, hear!, hear! son Royaume viendra
"When this world's dissolution shall be ripe, / With glory and power to judge both quick and / To judge the unfaithful dead, but to reward / His faithful, and receive them into bliss, / Whether in Heaven or earth; for then the earth / Shall all be Paradise, far happier place / Than this of Eden, and far happier days." (p464)
et Michel poursuit
"for the Spirit, / Pour'd first on his apostles, whom he sends / To evangelize the nations, then on all / Baptiz'd" (p465)
Adam ne peut que s'incliner
"Henceforth I learn, that to obey is best, / And love with fear the only God" (p467)
il quitte Eden mais avec ces mots réconfortants de Michel: tu ne seras pas triste...
"To leave this Paradise, but shalt possess / A paradise within thee" le poème épique s'achève sur ces lignes:
"They, hand in hand, with wandering steps and slow / Through Eden took their solitary way." (p470)

Note: belle condamnation de l'exploitation de l'homme par l'homme; tout en restant fermement sur le diktat d'une foi fondée sur l'obéissance.